Psychologie positive : découvrez vos forces pour conjuguer bien-être et performance

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Nous disposons tous d’aptitudes naturelles que nous utilisons dans la sphère professionnelle ou privée. Mais en avons-nous une perception exacte ? Ces forces de caractère, qui se traduisent dans nos façons d’agir, de penser et de ressentir, sont-elles équivalentes à nos compétences ? Relèvent-elles des soft skills ? Découvrir l’impact de leur mobilisation dans le champ professionnel permet de renouveler notre approche de l’efficacité, du bien-être au travail et de la performance.

En psychologie positive, les forces constituent le « vrai moi »

Les forces sont au cœur de la psychologie positive [1] qui voit le jour en 1998, en réaction à la focalisation des études scientifiques sur des thématiques comme l’anxiété ou la dépression. Le concept de force a été défini par le Pr Alex Linley [2] : il s’agit « d’une capacité préexistante consistant en une manière particulière de se comporter, de réfléchir ou de ressentir, qui est authentique et énergisante pour l’utilisateur et permet un fonctionnement optimal, le développement et la performance ». À la fois durables et uniques, ces aptitudes font partie de la nature humaine ; à ce titre, nous en disposons tous. Citons notamment le goût de l’apprentissage, la communication, la créativité, l’humour, la curiosité, ​l’intelligence sociale, la capacité d’organisation, le talent de négociation, l’empathie [3], l’optimisme. Il s’agit donc de capacités humaines et relationnelles, naturelles, qui s’inscrivent dans les soft skills. Parmi ces forces, on distingue :

  • Les forces principales, aussi appelées forces de signature – les 5 à 10 forces dont une personne est consciente, qu’elle utilise régulièrement et qui lui donnent du plaisir et de l’énergie ;

Ce type de forces représente le vrai moi. « Il est intéressant de les identifier y compris lorsqu’elles sont mobilisées dans la sphère privée car elles constituent un gisement de performance et d’épanouissement professionnel, souligne Christine Blanchetière [4], coach de dirigeants et d’équipes ».

  • Les potentiels – les forces que la personne déploie de façon épisodique, en raison de son environnement ou de sa situation de travail. Elles lui procurent néanmoins de l’énergie et de la satisfaction lorsqu’elle les utilise. Les forces moindres, ou faiblesses – des comportements qui épuisent la personne et sont sources de problèmes [5].

Les compétences, fruits de l’apprentissage ou de l’expérience, ne génèrent pas nécessairement énergie ou épanouissement. Une formule les résume : Je suis capable de bien le faire.

Malgré de solides compétences, le stress et la souffrance au travail sont parfois au rendez-vous

Manager, DRH ou membre d’une équipe, vous avez sans doute constaté que la maîtrise de certaines compétences ne garantit pas de les exercer sereinement. En effet, selon le docteur en psychologie Ilona Boniwell [6], , « un collaborateur qui utilise des compétences ne correspondant pas à ses forces peut être efficace mais il perd énormément d’énergie ». Le risque de stress est non négligeable. On touche là un aspect culturel. « Dès l’école, l’objectif est de compenser les faiblesses plutôt que d’exploiter les forces, indique Christine Blanchetière. » Les méthodes managériales classiques ainsi que la GRH (gestion des ressources humaines) prennent ensuite le relais. L’approche se fait par « déficit » et non par « abondance » : l’idée est de vérifier que les collaborateurs disposent des compétences minimales requises pour leur fonction et de remédier à d’éventuels problèmes de comportement néfastes au travail collectif. Aller dans le sens de « l’abondance » équivaut à stimuler le potentiel des collaborateurs et leur progression. Selon une étude de Seligman, Steen, Park et Peterson réalisée en 2005, s’appuyer sur les forces permet d’augmenter durablement le bien-être au travail tandis que les symptômes de dépression de la population étudiée diminuent en six mois. En mobilisant ses forces de façon régulière, on agit :

  • Sur la confiance et l’estime de soi – qui se renforcent progressivement ;
  • Sur la vitalité – les activités étant réalisées de façon fluide et agréable ;
  • Sur l’optimisme – via la sécurisation induite.

D’autres études comme celles de l’institut Gallup explorent la façon dont les leaders mettent en œuvre leurs forces [7].

  • La majeure partie de leurs activités implique leurs domaines de forces.
  • Ils délèguent ou s’associent pour aborder les problématiques qui ne correspondent pas à leurs atouts naturels.
  • Ils mobilisent ceux-ci en cas d’obstacles ou de situations nouvelles.

La psychologie positive suggère d’adopter ces principes quelle que soit la fonction exercée.

Les cartes des forces pour activer le cercle vertueux de la performance

Le principal intérêt des forces tient dans leur impact sur trois dimensions intrinsèquement liées : le bien-être ; l’engagement ; la performance. L’activation d’une force procure un bien-être qui dope l’engagement, lequel accroît la performance. Reste à utiliser pleinement les forces. La psychologie positive propose à cet égard des outils à la fois accessibles et ludiques, d’autant plus précieux qu’ils suscitent échanges et partage dans le cadre du coaching d’équipe. Christine Blanchetière recourt ainsi aux cartes des forces, un photo-langage qui permet aux participants de visualiser les aptitudes naturelles. « Je leur demande d’exprimer leurs forces en essayant de les associer à un comportement concret qu’ils adoptent régulièrement. Exemple : une personne qui dispose de la force « solution » va citer de nombreuses situations où elle a cherché une issue, une possibilité. Je m’assure ainsi qu’il s’agit bien pour elle d’une force et non d’une valeur [8] à laquelle elle adhère. Cela permet aussi à ceux qui écoutent de bien ancrer cette force ». Lors de coaching d’équipes ou de comités de direction, Christine Blanchetière utilise le travail sur les forces pour renforcer la cohésion d’une équipe et créer une vision commune lors de changements majeurs (stratégie, rapprochement de deux entreprises).

Booster le management d’équipe avec la psychologie positive et les forces

Lorsque les managers encouragent leurs équipes à se concentrer sur leurs forces, leur productivité surpasse de 12,5 % celle d’équipes managées de façon classique [9]. D’une part, les collaborateurs capitalisent sur leurs forces individuelles ; d’autre part, des zones « de solidarité » sont identifiées pour obtenir une performance collective supérieure en conjuguant les forces des uns et des autres. Christine Blanchetière estime que les managers ont intérêt « à compiler puis combiner les forces de leurs équipes – celles qu’elles ont en commun comme celles qui sont à la marge, portées par un ou deux collaborateurs seulement. » Un exemple : avoir dans son équipe un collaborateur doté de la force « intelligence sociale » est un gage de maintien naturel de l’harmonie. Le collaborateur vérifiera que chaque membre de l’équipe se sent inclus et libre de s’exprimer. Au-delà des bienfaits pour l’équipe, le salarié sera satisfait de contribuer au bon fonctionnement général.

Si la psychologie positive fait des forces un concept central, c’est que leur mobilisation en contexte professionnel contribue à créer un alignement de la personne avec ce qu’elle exerce au quotidien. Son expression verbale comme non verbale traduit l’énergie et le plaisir, ce qui lui confère un rayonnement puissant. Celui-ci peut alors résonner auprès des autres collaborateurs et générer de multiples impacts positifs pour ces derniers comme pour l’entreprise.

[1] La psychologie positive doit être distinguée de la pensée positive, qui récuse toute dimension négative à une situation donnée. [2] Diplômé en psychologie de l’université de Warwick, le Pr Alex Linley a fondé le Centre de Psychologie Positive Appliquée. [3] L’empathie est la capacité à se mettre à la place d’autrui et à ressentir une émotion correspondant à la sienne, tout en régulant ses propres réponses émotionnelles. Elle constitue un ingrédient clé des soft skills, dont nous disposons tous. [4] Fondatrice la société de conseil BrainsUP, spécialisée en créativité et innovation. [5] Il existe un autre type de forces, celles qui ne s’appliquent absolument pas à la personne (en résumé : pas moi). [6] Directrice générale du cabinet Positran. [7] Clifton & Buckingham, Study of Best of The Best, Gallup (2001). [8] Cadre de référence pour chacun d’entre nous, dans lequel nous souhaitons inscrire nos actions. [9] Source : Gallup Strengths Center.

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