Intelligence émotionnelle : 5 étapes pour faire de vos émotions une force !
21 janvier 2020
Les émotions exclues des murs de l’entreprise ? C’était vrai. Jusqu’aux découvertes des neurosciences ayant mis en évidence leur rôle stratégique dans la prise de décision et l’efficacité professionnelle en général. Sans parler de leur impact en matière d’interactions, constantes à l’ère digitale ! Comment reprogrammer un modèle comportemental souvent acquis dès l’enfance ? 5 étapes pour cultiver votre intelligence émotionnelle.
1 – Découvrez le rôle des émotions avant « d’activer » votre intelligence émotionnelle
Dès les premiers temps de l’Homme, les émotions lui ont permis de faire face à l’imprévu, d’identifier un danger potentiel, en quelques secondes seulement ! Nos ancêtres leur doivent leur survie.
Aujourd’hui, l’émotion reste un réflexe naturel qui s’active plus ou moins intensément, pour nous guider et nous adapter à un environnement en mutation constante. Du point de vue neurobiologique, des substances se libèrent dans notre organisme lorsque nous en ressentons ; celles-ci nous mettent en mouvement [1]. Subjective et personnelle, l’émotion impacte l’ensemble de nos fonctions cognitives.
Dans le monde du travail, faire preuve d’intelligence émotionnelle – être capable de décrypter et de réguler les signaux émotionnels – va :
- Favoriser l’adaptabilité professionnelle, l’une des soft skills essentielles ;
- Améliorer la santé mentale et la santé physique ;
Une étude conjointe KU Leuven / UCL / MC révèle la corrélation entre compétences émotionnelles et recours aux soins (consommation de médicaments, consultations médicales dont psychologiques, hospitalisations).
- Faciliter la prise de décision ;
- Fluidifier le travail d’équipe et les relations en général.
Si l’intelligence émotionnelle implique de savoir identifier nos propres émotions, elle permet également de reconnaître celles des autres. Son rôle est notamment préventif : désamorcer l’agressivité, anticiper un conflit naissant. In fine, un décryptage pertinent des émotions allié à une juste régulation, contribue au développement de relations professionnelles positives.
2 – Plongez au cœur du mécanisme des émotions
Derrière chaque émotion se cache un déclencheur qui suscite des attentes ou besoins. Une action peut donc être entreprise pour répondre à cette émotion.
Exemple : vous avez peur d’accepter un nouveau poste et vous préparez à décliner la proposition.
- En développant votre intelligence émotionnelle, vous serez capable d’identifier le déclencheur de cette émotion – le danger – et le besoin qu’elle traduit, à savoir : être rassuré, protégé.
- Au lieu de renoncer à cette opportunité d’évolution, vous oserez parler à votre manager en mentionnant les missions sur lesquelles vous pensez avoir besoin d’un accompagnement – parrainage ou tutorat, points de suivi réguliers, etc.
Chaque émotion se traduit par des réactions physiologiques et corporelles. Ainsi, la colère provoque un afflux sanguin dans les mains – pour inciter les premiers êtres humains à se battre.
En contexte professionnel ou dans la vie personnelle, le repérage de ces manifestations corporelles confère davantage de lucidité sur les situations, permettant une ouverture à soi et à l’autre [2]. Cela permet également de prendre de la distance par rapport à la réaction d’un collaborateur ou collègue. Par exemple, si votre collaborateur manifeste de la colère : vous ferez preuve d’écoute active pour répondre au besoin d’être entendu, compris, inhérent à son émotion. Ainsi, grâce à votre intelligence émotionnelle, vous serez en mesure de mieux comprendre la réaction de votre collaborateur et de développer un échange constructif.
Dès lors, comment prendre conscience de ces manifestations ?
- Un outil comme le Body Scan s’avère très efficace.
Vous allez balayer toutes les zones de votre corps et identifier, au fur et à mesure, celles sous tension et les blocages potentiellement liés à des émotions non exprimées.
- En travaillant la verbalisation qui en découle, l’intensité des émotions ressenties va baisser.
3 – Dessinez votre profil émotionnel et tenez compte de celui des autres
Si tous les êtres humains ressentent des émotions [3], l’intensité de leurs manifestations diffère, tout comme leur interprétation. D’où l’utilité de répondre à un questionnaire pour déterminer votre profil émotionnel !
Selon les travaux du neuroscientifique Richard Davidson, il existe en effet 6 styles émotionnels distincts [4] :
- La résilience, qui rend capable de surmonter les difficultés rapidement ;
- La conscience de soi, où l’on sait identifier ses propres émotions et ses ressentis ;
- L’intuition sociale, grâce à laquelle les signaux émotionnels envoyés par les autres sont aisément détectés ;
- La sensibilité au contexte, qui permet de réagir de façon appropriée aux circonstances et à l’environnement ;
- La perspective, où l’on vit les événements qui surviennent de façon positive ;
- L’attention, qui permet de se concentrer facilement sur ce qu’on souhaite.
Une fois votre profil émotionnel établi, vous identifierez plus facilement vos besoins ainsi que le type d’environnement professionnel dans lequel vous vous sentez bien. Vous vous adapterez également plus rapidement à d’autres styles émotionnels.
Un exemple : un individu disposant d’une dimension Perspective forte se montrera très enthousiaste à l’annonce d’une bonne nouvelle. À l’inverse, une personne en étant faiblement dotée restera quasiment de marbre.
Dans le second cas, en tant que manager, vous chercherez à déceler sur quel style émotionnel votre collaborateur fonctionne, afin d’adapter votre comportement.
- Concrètement, vous l’inviterez à faire un focus sur ses réussites, les challenges relevés, les félicitations reçues, pour « travailler » sa dimension émotionnelle de la Perspective.
4 – Apprenez à canaliser les émotions fortes
Qui ne s’est pas un jour laissé déborder par ses émotions ? L’intelligence émotionnelle vise justement à les réguler afin de ne pas être emporté dans ce tourbillon.
Elle agit à deux égards :
- En prévention => l’identification du besoin se nichant derrière le mécontentement (par exemple) évite d’aller jusqu’au stade de la colère ;
- Avec une portée « curative » => si l’émotion forte se manifeste déjà, des techniques de respiration et de relaxation sont requises.
Vous pourrez ainsi entamer un travail sur la cohérence cardiaque. Le fait d’agir sur le rythme cardiaque par le contrôle de la respiration permet d’envoyer des messages positifs au cerveau. Ce dernier va ensuite réguler le stress et l’angoisse ressentis.
5 – Nourrissez vos relations professionnelles positivement pour cultiver l’intelligence émotionnelle au travail
Si certaines émotions nous mettent en garde à juste titre, d’autres sont issues de pensées automatiques qui diffusent des messages contraignants. C’est le cas lorsque, avant une présentation importante, l’angoisse grandit démesurément, renforcée par une petite voix qui répète que « vous n’y arriverez pas ». Le stress ainsi généré peut vous conduire à rater votre prise de parole.
Heureusement, l’alliance de l’intelligence émotionnelle et de la psychologie positive offre des solutions.
- Avec une méthode telle que SPARC, vous allez changer votre perception de la situation afin de l’analyser plus factuellement ;
- En vous appuyant sur des croyances aidantes ;
- Vous l’aborderez alors de manière constructive.
Plus largement, il est important de proposer aux collaborateurs un environnement de travail neuro friendly. Cela peut se traduire par la pratique de feedbacks positifs réguliers (au lieu d’attendre l’entretien annuel), ou par la valorisation « d’échecs » perçus comme des expériences n’ayant pas abouti – dans l’optique de favoriser la créativité par exemple !
Ces actions concrètes permettent de réguler les émotions de vos collaborateurs ou collègues, grâce à la verbalisation ; vous pourrez ainsi répondre à leurs besoins associés.
>> En résumé :
- Les émotions transmettent un message qui révèle des besoins ou attentes nécessitant une action – et non une réaction.
- Elles ont une forte résonance corporelle, l’intelligence émotionnelle permettant d’identifier ce type de manifestations.
- Connaître la littéracie émotionnelle, se focaliser sur nos forces, renforce la dimension positive de nos relations ainsi que nos performances.
Article rédigé avec le concours de Karine Blanco, responsable de la gamme Développement de soi de docendi.
[1] Émotion vient du latin movere, mettre en mouvement.
[2] Dans le cadre de la formation Intelligence émotionnelle de docendi, un co-coaching Emotion/Action, en binôme, permet également de dépasser le stade de l’émotion subie pour aller vers l’action, ou réponse, à mettre en œuvre.
[3] Les 4 émotions de base sont : la peur, la colère, la tristesse, la joie. À noter : il existe un autre modèle d’intelligence émotionnelle, l’Homo Emoticus de Thierry Paulmier.
[4] L’originalité du modèle scientifique de Davidson est de relier l’activité de certaines zones cérébrales et leurs interconnexions aux différents styles émotionnels.

Author: docendi
Organisme de formation certifié Datadock, docendi propose, depuis sa création en 2000, une formule pédagogique multimodale novatrice alliant présentiel et accompagnement digital avant et après formation.
Cette pédagogie interactive et personnalisée est particulièrement efficiente pour le développement des soft skills : management, développement de soi, communication interpersonnelle et efficacité professionnelle.
Les émotions sur le lieu de travail, voilà un sujet qui semble tabou.
Dans le métier de commercial, j’ai toujours entendu que la « positive attitude » paie : un client ou un acheteur paie pour le produit ou le service, mais aussi pour l’état d’esprit du commercial.
Idéalement, il faudrait donc que le vendeur apprenne à éliminer ses émotions du moment, pour donner envie au client.
Je suis curieux de savoir quelle position vous avez par rapport à ça.
Philippe C, du site amourduclient.com
Bonjour Philippe,
Merci beaucoup pour votre commentaire et votre question concrète sur le sujet.
De mon point de vue, il ne s’agit en aucun cas pour un commercial « d’apprendre à éliminer » ses émotions, au risque, au contraire, que celles-ci « n’explosent» à retardement, au mauvais moment, auprès de la mauvaise personne et à la mauvaise intensité !
Développer l’intelligence émotionnelle permettrait, au vendeur, d’une part de travailler la conscientisation de ses propres émotions (face à un client mécontent par exemple) – par l’analyse des changements physiologiques qui s’opèrent en lui – notamment – puis de les verbaliser (même intérieurement) de manière à être ensuite en capacité de les réguler (par la respiration par exemple), et d’adopter un comportement plus constructif vis-à-vis de son client.
En parallèle, en connaissant le mécanisme de la colère et le besoin caché derrière cette émotion, il comprendrait que son client a besoin d’être entendu ; c’est d’ailleurs pour cela que celui-ci parle plus fort ! Ceci lui permettrait alors de se mettre à distance (ce n’est pas contre le vendeur personnellement que le client crie) et d’activer le bon comportement pour répondre au besoin du client : être écouté.
Le commercial pourrait alors mettre en œuvre l’écoute active pour répondre au besoin dont témoigne l’émotion de son client.
J’espère que ceci vous éclairera et répondra à votre interrogation.
Au plaisir d’échanger avec vous sur ce sujet passionnant 🙂
Karine Blanco
Bonjour,
Merci pour ce bel article. Je pense que l’intelligence émotionnelle peut être un atout formidable dans le milieu professionnel, que ce soit au niveau de la gestion des relations interpersonnelles, ou dans les compétences que cela induit (travail d’équipe, leadership, compréhension des autres, etc.).
Paul
Bonjour Paul,
Merci beaucoup pour ce commentaire, auquel nous souscrivons pleinement.
À bientôt sur le blog des soft skills 🙂