Les neurosciences permettent de mieux comprendre le fonctionnement du cerveau apprenant. Quels « bénéfices » opérationnels en retirer en termes d’ingénierie pédagogique et de formation d’adultes / d’accompagnement des apprenants ? Focus sur l’ouvrage [1] de l’experte pédagogique Aurélie Van Dijk, consultante-formatrice CSP DOCENDI, également docteure en psychologie cognitive.
Halte aux neuromythes ! Favorisez des stratégies d’apprentissage efficaces grâce aux neurosciences
Nichés au cœur de nos convictions personnelles ou collectives, certains neuromythes ont longtemps influencé l’ingénierie pédagogique, décourageant en parallèle de nombreux apprenants. Le premier apport des neurosciences à cet égard est bien de les avoir désamorcés ! Aurélie Van Dijk en donne plusieurs exemples dans Réinventez vos formations avec les neurosciences. Entre autres :
- Nos neurones se renouvellent jusqu’à l’âge de 18 ans seulement.
FAUX ! Grâce à la neurogenèse, notre cerveau « fabrique » des néo-neurones à tout âge [2]. L’activité physique ainsi que des apprentissages réguliers en favorisent la production, tandis que le stress la limite.
- Nous pouvons apprendre en dormant.
En partie VRAI… et FAUX ! Nos capacités cognitives sont activées en état d’éveil. Toutefois, durant le sommeil, notre cerveau fait du tri : il consolide ce qui est important et se déleste de l’inutile. Quelles sont à présent les stratégies d’apprentissage les plus efficaces pour notre cerveau, sous l’angle neuroscientifique ? Il s’agit :
- De relier les nouvelles connaissances aux anciennes et de répéter l’apprentissage (en espaçant et en diversifiant ces répétitions), pour une mémorisation durable ;
- D’activer les 4 piliers de l’apprentissage définis par Stanislas Dehaene [3] => attention, engagement actif, retour sur erreur, consolidation ;
- De vivre un état émotionnel propice à la compréhension et à la mémorisation ;
- D’être motivé par les pratiques ou comportements à acquérir (d’y voir un intérêt et de se sentir « capable ») ;
- D’interagir et de pouvoir observer les autres, ses pairs en particulier.
L’être humain apprend grâce aux liens établis avec autrui.t
Quelques applications en matière de conception et/ou d’animation de formations
Notez que les découvertes des neurosciences ne « révolutionnent » pas les méthodes d’apprentissage ! Elles permettent en revanche d’avoir une idée précise de ce qui fonctionne – et du pourquoi. L’auteure souligne ainsi les possibilités qui s’offrent à l’ingénieur pédagogique. En partant des bases de la conception de formation, celui-ci va notamment :
- Soigner le démarrage et la clôture des sessions de formation ;
4 ingrédients clés à cet égard : les émotions, la motivation, la participation et le collectif.
- Structurer chaque formation selon 6 principes – diversité, adaptation, répétition, participation, durée et progression pédagogique [4];
- Concevoir des supports neuro-efficaces grâce au cocktail => visuel + explication + émotion.
Quant à l’animateur-formateur, il s’attachera :
- À proposer une configuration d’apprentissage stimulante – tables en îlots pour davantage de convivialité et de mobilité des apprenants ;
- À capter et maintenir leur attention – en suscitant des émotions (anecdotes, vidéos, énigmes), en mobilisant leurs sens, en organisant des pauses régulières et en variant les rythmes ;
- À adopter la posture adéquate de formateur – à la fois pilote, facilitateur, animateur et régulateur.
Il créera une dynamique de groupe en « donnant le ton » et en impliquant chaque apprenant. L’entraide et l’équité doivent présider aux relations entre participants.
Les plus de réinventez vos formations avec les neurosciences
En se mettant dans la peau d’un formateur, on apprécie la boîte à outils proposée dans cet ouvrage. Au programme :
- Une palette de techniques ou modalités pédagogiques à utiliser en fonction de ses objectifs de formation, associées aux retours d’expérience de formateurs sur lesdites modalités ;
Exemples : World Café ; co-développement ; pédagogie inversée ; pédagogie par projet.
- Des suggestions de micro-pauses ou d’activités décalées auxquelles recourir lorsque l’énergie des apprenants diminue ou que leur attention se disperse.
Exemples : inviter les apprenants à marcher dans la salle de formation ou en dehors, leur proposer d’écouter de la musique en laissant leur esprit divaguer (micro-pauses) ; leur soumettre un rébus ou une charade, leur demander de citer tous les usages inhabituels d’un objet (activités décalées).
- Des neuro-astuces qui permettent d’appliquer rapidement les piliers de l’apprentissage selon les neurosciences.
Exemples : l’accueil émotionnel (susciter chez l’apprenant des émotions positives dès son arrivée dans le lieu de formation) ; les réveils pédagogiques (des exercices très courts, sans rapport avec la thématique de la formation, pour booster l’énergie des participants et favoriser la dynamique de groupe).